Les présentes pages ont pour but de faire partager ma passion pour l'aviation et de présenter mes livres.
1 Février 2012
Le crédo des forces aériennes répété hier à l’envie, « Vite, fort, et loin », serait-il devenu selon le général Guillaume Gelée, commandant les forces aériennes, « réactif,
dosé, et précis » lors des opérations en Libye, baptisées Harmattan côté français (19 mars-31 octobre 2011) et « Unified Protector » côté alliés ?
« Aucune crise depuis 20 ans ne s’est réglée sans l’intervention de la puissance aérienne, soit pour amener à la raison un dictateur, soit pour appuyer des troupes au sol. Et ces opérations doivent s’inscrire dans la durée… » Ainsi parlait au sénat, le 18 octobre 2011, le chef d’état-major de l’armée de l’air, le général Paloméros, en évoquant la crise libyenne, dont la durée et l’intensité ont imposé de faire appel à toutes les ressources air disponibles, dans une large coalition interalliées.
Côté français, le retour d’expérience de ces opérations peut globalement s’apprécier en chiffres
4200 militaires concernés
40 avions de combat, une vingtaine d’hélicoptères, une dizaine de bâtiments de combat et de soutien, dont le porte-avions Charles de Gaulle et un BPC (bâtiment de projection et de commandement)
5600 sorties aériennes en plus de 27000 heures de vol
3100 sorties offensives (Rafale Air, Mirage 2000D et Mirage 2000N, F1CT)
1200 reconnaissances (Rafale Pod Recco, F1CR, Harfang)
400 missions de défense aérienne (Mirage 2000-5, Rafale Marine)
380 contrôles aériens (E3F Awacs)
580 ravitaillements en vol (C135)
De nombreuses missions de soutien logistique (C160, C130, CASA, Airbus…) pilotées par le tout jeune commandement européen du transport aérien (EATC) particulièrement exemplaire et décisif depuis Eindhoven.
1200 munitions tirées pour un millier d’objectifs traités, dont plusieurs missiles SCALP de frappe à très longue distance.
Soit 25% des sorties de la coalition et 20 % des frappes avec une part importante de missions ISR, (intelligence, surveillance, reconnaissance) grâce aux Rafale, Mirage F1CR, drone Harfang, AWACS, en totale interopérabilité, dans le cadre d’opérations dirigées par l’OTAN depuis le CAOC (Combined Air Operations Center) de Poggio Renatico en Italie.
Plus que les chiffres et la réaffirmation des caractéristiques de l’arme aérienne, retenons la réactivité et la continuité des opérations depuis les frappes du 19 mars 2011, 2 heures seulement après la déclaration du président de la république et depuis Saint-Dizier à 2200 km de distance, pour stopper net la progression des troupes de Kadhafi vers Benghazi, et le large panel des missions concernées, jusqu’au soutien des 6 Mirage 2000-5 qataris, déployés à Souda en Crête.
La montée en puissance très rapide des forces aériennes a démontré un haut niveau de préparation et une organisation permettant de passer directement du temps de paix au temps de guerre, avec une très grande polyvalence des hommes et du matériel, dont le Rafale est le plus bel exemple. Notons aussi que la proximité des bases de déploiement, Solenzara en Corse, Sigonella en Sicile, Souda en Crête, ont permis la relève régulière des équipages avec un rythme ternaire de repos.
Les lacunes capacitaires dans le domaine de l’observation et de l’action en milieu urbain militent pour l’acquisition progressive de drones de longue durée MALE, de pods
de désignation performants, de ravitailleurs en nombre suffisants, et d’armements de précision intégrés sur chasseurs et drones, permettant d’offrir une large palette d’effets, propres à offrir
toutes les options possibles aux décideurs politiques, du tir ponctuel à la frappe stratégique.
Harmattan a fait entrer l’armée de l’air dans une ère nouvelle d’opérations aériennes. Espérons que sa maîtrise, démontrée au cours de ces mois d’engagement intense, sera entretenue par des possibilités d’entrainement et de formation des personnels adaptées, le renouvellement et le maintien en conditions opérationnelles des matériels, pensés dans un cadre européen ou plus large, dans un contexte budgétaire contraint. La coopération franco-britannique très forte lors de cette crise a montré la voie.
Bien découplé et passionné d'aviation
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